RDC: le procès du vol présumé du diamant Fancy Green s’ouvre sans accusé.
Sur la dizaine de personnes qui avaient été arrêtées ou soupçonnées à l’ouverture de l’enquête, toutes sont aujourd’hui libres et la plupart reconverties en simples témoins. CC0 Domaine public
Dans le Kasaï Oriental, le très attendu procès du vol présumé du diamant vert appelé Fancy Green s’est ouvert mercredi 22 juillet. Deux lanceurs d’alerte employés de la Miba, la société minière de Bakwanga qui exploite les diamants de la région et détenue par l’État à 80%, avaient fait éclater l’affaire après l’arrivée au pouvoir du président Félix Tshisekedi, avec une ouverture d’enquête en juillet 2019 sur fond de soupçons de malversations. Des ONG dénoncent les nombreuses manœuvres pour étouffer l’affaire.
Un an après l'ouverture de l'enquête, l'un des deux lanceurs d'alerte est en prison. Claude Mianzuila, l’expert qui avait révélé la disparition du Fancy Green, a été arrêté début juillet 2020, accusé d’avoir diffamé la femme de l’un des dirigeants de la Miba. Il disait avoir lui-même expertisé le diamant vert de 2,3 carats début 2019 et avoir alerté sa hiérarchie sur sa substitution par un diamant de moindre valeur. Les caméras de sécurité, elles, étaient en panne depuis des mois.
L’autre lanceur d’alerte est François Sangani, l’ingénieur de la Miba qui avait été chargé d’enquêter sur ces allégations. Mais après avoir remis son rapport au conseil d’administration de la société, il avait été licencié par la direction pour violation du secret professionnel. Dans ce rapport, il soupçonne que 3 000 carats de diamants de grande valeur marchande, y compris le Fancy Green, avaient été remplacés par des diamants de moindre valeur marchande. La direction, elle, avait démenti. Sur la dizaine de personnes qui avaient été arrêtées ou soupçonnées à l’ouverture de l’enquête, toutes sont aujourd’hui libres et la plupart reconverties en simples témoins, au grand dam de la société civile. En ce premier jour d’audience à Mbuji-Mayi, plus personne ne figurait sur le banc des accusés. Le seul qui aurait dû s’y trouver, Tshibangu Tshibangu, ne s’est pas présenté : sa citation à comparaître a même disparu du dossier. John Tamambouy
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