RDC: le CNSA dans le collimateur de l'Observatoire de la dépense publique pour un détournement de 3 millions de dollars.
En République démocratique du Congo, la société civile continue de mettre la pression pour obtenir la réduction du train de vie de l’État et dénonce de potentielles malversations. Cette fois, c’est l'ODEP, l’Observatoire de la dépense publique, qui accuse le Conseil national de suivi de l’accord politique de la Saint-Sylvestre (CNSA) d’avoir détourné plus de 3 millions de dollars destinés au paiement des salaires des membres de la plénière et au fonctionnement de l'instance.
Rappelons que cet accord du CNSA, signé sous l’égide de l’église catholique avant les élections de 2018, n’a jamais été mis en œuvre. Aussi en cette période de restriction budgétaire, le CNSA est-il de plus en plus pointé du doigt.
L’ODEP assure avoir mené l’enquête. Le CNSA devait avoir dans sa forme plénière 28 membres, mais 18 ne siègent plus, certains depuis plusieurs mois, d’autres - 5 au total-, depuis sa création. L’Etat a cependant décaissé des fonds pour leurs rémunérations.
« L'institution est à l'arrêt mais le Trésor public a continué à envoyer de l'argent comme si tout le monde était là et en cumulant cela sur une trentaine de mois, nous sommes arrivés à une somme de 3 millions de dollars, nous détaille Florimond Muteba, le patron de l’ONG spécialisée dans les finances publiques. Il faudra que le président nous explique où est passé cet argent ! »
Pour le président du CNSA, Joseph Olengankoy, l’Etat n’a jamais alloué de fonds pour la rémunération de ses membres. C’est donc sur les 200 millions de francs de frais de fonctionnement que les membres du CNSA avaient eux-mêmes décidé de prélever leurs primes. Dans un communiqué, le CNSA, affirme que ces frais n’ont plus été débloqués par l’Etat depuis novembre 2019. La situation n’a été régularisée qu’en mars dernier.
Mais l’ODEP soulève une autre irrégularité : le siège du CNSA est logé dans des locaux appartenant à son président. Ce que lui-même ne dément pas, affirmant héberger l'institution gracieusement.
Ce dernier rejette par contre les accusations de détournements et met en cause l’ONG qu’il accuse d’être « manipulée ».
Depuis la tenue des élections fin 2018, de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer la suppression du CNSA. Un député d’opposition, Delly Sessanga, a proposé, en début de semaine, à l’Assemblée nationale un texte pour dissoudre le CNSA, qu’il trouve obsolète et budgétivore.
L’ODEP, à l'origine de ces révélations, entend selon son président saisir le parquet général près la Cour de cassation pour d’éventuelles poursuites contre les animateurs du CNSA.
Jean-Pierre
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